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Le Sénégal a toujours été un pays réputé pour sa stabilité politique et son engagement envers les principes démocratiques. Cependant, ces dernières années, la plupart de ces principes ont été bafoués/violés.
Impuissant face à un système vieux de +de 60 ans, les jeunes ont décidé d’utiliser les médias sociaux comme arme de dénonciation et de mobilisation.
- Le contexte du cyberactivisme au Sénégal
En tant de guerre tous les coups sont permis ? Je rajouterai aussi que toutes les armes sont permises ?
Les réseaux sociaux n’étaient pas très utilisés dans les actions de propagande citoyenne, mais durant ces 5 dernières années, ils ont joué un rôle important voire primordial dans la lutte pour les valeurs démocratiques de ce pays.
Plusieurs facteurs expliquent cette montée du cyberactivisme, dont les principaux sont :
- Manque de confiance en la presse locale ;
- Peur de se faire emprisonner ou violenter lors des manifestations dites pacifiques.
Face à cette situation qualifiée d’injuste, Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram, TikTok et même WhatsApp sont devenus des espaces incontournables pour le débat public et la mobilisation citoyenne.
Ainsi, des groupes, des influenceurs et des mouvements comme "Y en a marre", “F24”, “AAR Sunu Élection” ont utilisé ces plateformes pour organiser des manifestations, sensibiliser l'opinion publique et exercer une pression sur le gouvernement en faveur du changement politique et social.
- L'impact sur la participation citoyenne
Le cyberactivisme a considérablement amplifié la voix des citoyens sénégalais en offrant une plateforme accessible et inclusive pour exprimer leurs préoccupations et leurs revendications. Les campagnes en ligne ont permis de mobiliser rapidement des milliers de personnes autour de causes spécifiques, telles que la transparence électorale, la justice sociale et la lutte contre la corruption. Cette participation citoyenne accrue a contribué à renforcer la légitimité démocratique en donnant aux citoyens un rôle plus actif dans le processus décisionnel.
L'impact le plus évident est celui du hashtag #FreeSenegal. Créé le 03 mars 2021 par un utilisateur de Twitter, il a permis aux jeunes de diffuser largement les événements qui se sont déroulés sur la période du 03 au 17 mars, causant près de 14 morts et des milliers de blessés. Ce hashtag a généré plus de 2,8 millions de tweets et plus de 1,6 milliard de vues. Suite à ce succès, un site internet a été créé pour regrouper toutes les informations liées à ces manifestations et à chaque nouvelle manifestation, le hashtag est de nouveau utilisé, sur tous les médias sociaux, comme cela a été le cas en juin 2023 et en février 2024.
- L'évolution du débat public
Le cyberactivisme a également façonné le paysage médiatique et le débat public au Sénégal. Les discussions politiques qui étaient autrefois confinées aux espaces traditionnels, tels que les médias traditionnels et les réunions publiques, sont désormais largement diffusées sur les réseaux sociaux.
Désormais, des jeunes sur les réseaux sociaux organisent des débats avec les acteurs politiques et sociaux du pays. Ceci permet une diversification des voix et des perspectives, encourageant un dialogue plus ouvert et inclusif.
Cependant, il convient également de noter que cette ouverture a parfois conduit à la propagation de la désinformation et à la polarisation de l'opinion publique.
- Les défis et les opportunités
Malgré ses avantages évidents, le cyberactivisme au Sénégal est confronté à certains défis :
La réglementation gouvernementale, comprenant notamment les lois sur la diffamation et la sécurité nationale, peut restreindre la liberté d'expression en ligne et entraver les activités des cyberactivistes. Ces contraintes légales peuvent dissuader certains citoyens de s'engager activement sur les plateformes numériques, limitant ainsi la portée et l'efficacité du mouvement.
- De plus, la fracture numérique persistante dans le pays pose un défi majeur à l'inclusivité du cyberactivisme. Les communautés marginalisées et les régions reculées, qui ont un accès limité à internet et aux technologies de communication, risquent d'être exclues de la participation en ligne, compromettant ainsi la représentativité et la diversité du mouvement.
- Un autre obstacle significatif est l'intervention de l'État pour restreindre l'accès à l'internet mobile, particulièrement lors des manifestations. Cette pratique, en vigueur depuis juin 2023, vise à affaiblir les mobilisations en limitant la capacité des citoyens à communiquer et à coordonner leurs actions en ligne.
Toutefois, le cyberactivisme offre également des opportunités importantes pour renforcer la démocratie au Sénégal. En encourageant la participation citoyenne, en promouvant la transparence et en facilitant le dialogue public, les réseaux sociaux et les plateformes en ligne peuvent jouer un rôle crucial dans la consolidation des institutions démocratiques et dans la promotion du changement social positif.
Conclusion
Le cyberactivisme a profondément transformé le paysage politique et social du Sénégal. Il permet aux citoyens, en particulier aux jeunes, de dénoncer les injustices commises par les acteurs politiques et sociaux à l'échelle nationale et mondiale.
Bien qu'il soit confronté à des défis persistants, le cyberactivisme représente un élément essentiel du paysage politique sénégalais moderne.
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